20/08/2011

"Le Jour du Seigneur" quête et raquète!

frère Philippe Jeannin, présentateur télé et moine dominicain .


Ma grand-mère a coutume de recevoir la missive gratuite de l'émission Jour du Seigneur qui demande toujours plus de pognon à ses lecteurs pas encore euthanasiés. Puisque son auteur ne rechigne pas à publier de faux extraits de fausses lettres pour sa propagande, moi aussi, je lui en écrirai une fausse. Face à ce monsieur qui réclame de l'argent pour son émission diffusée par France 2, "plus vieille émission télévisée de France", je me demande bien cependant, quelle est "l'indépendance de ton" qu'il évoque et entend sauvegarder -cela n'est pas clair dans sa lettre; je vais tenter de l'éclairer, afin qu'il modifie, honnêtement, la ligne éditoriale de son émission.


Ci-dessous la lettre en deux exemplaires ( on peut la lire en cliquant sur l'image qui apparaît ensuite en plus grosse), signée du frère Philippe Jeannin, o.p.:

Ma (fausse) réponse à Jeannin :

Cher Philippe, admirable producteur du Jour du Seigneur,

Voilà plus de soixante ans dites-vous que vous abreuvez les ondes cathodiques de vos célébrations pastorales...

Vous diffusez ainsi « les valeurs évangéliques ». Nul doute que vous êtes à la pointe de l’avant-gardisme éclairé qui souffle l’Esprit sur les ouailles en manque de repères cosmiques. Avec Vatican II, nul doute que l’émission du "Jour du Seigneur "a contribué à moderniser l’Église, à faire entendre son nouveau message (aux masses) et faire déserter les églises (en masse). Comme vous le dites: "l'utilité de notre mission n'est plus à prouver"...

J’aimerai abonder dans ce sens, et citer un témoin de premier choix à l’appui de votre optimisme concernant les bénéfices de votre émission hebdomadaire. Ce témoignage, c’est celui de Julien Green, écrivain du 20ème siècle, né dans une pieuse famille protestante; lui-même s’était converti au catholicisme au milieu du siècle. Quelque temps après Vatican II, Julien Green tomba sur l’une des émissions dominicales dont vous êtes si fier -à juste titre! Je ne résiste pas au plaisir de vous citer un passage de son testament spirituel, «Ce qu’il faut d’amour à l’homme», relatant l'étonnement de catholiques face à votre spectacle télévisé - immortalisant au passage votre émission :

« Un jour que j’étais à la campagne avec ma sœur Anne, nous assistâmes à la messe télévisée, le curé du village étant absent ce dimanche-là. Je me souviens que tournant les pages de mon missel français, j’essayais de reconnaître sur l’écran quelque chose qui ressemblât à une messe. En vain. Ce que je reconnus, comme Anne de son côté, était une imitation assez grossière du service anglican qui nous était familier dans notre enfance. Le vieux protestant qui sommeille en moi dans sa foi catholique se réveilla tout à coup devant l’évidente et absurde imposture que nous offrait l’écran, et cette étrange cérémonie ayant pris fin, je demandai simplement à ma sœur : « Pourquoi nous sommes-nous convertis ? » (Julien Green, Ce qu'il faut d'amour à l'homme, Plon, 1978, p.137-138)

Je ne sais si vous êtes en mesure d’apprécier à sa juste valeur la résonance fulgurante de ces paroles, qui attestent de votre avant-gardisme sur l’inter-religiosité , devenue l'exigence incontournable de notre temps. Votre problématique s’ancre avec audace dans le mystère lumineux du futur qui nous mènera main dans la main avec tous les êtres vivants de la terre, jusqu’à la parousie. Ce qu’il faut à l’homme pour « un monde meilleur », c’est le réconcilier avec la part sensible de l’humanité , située dans le subconscient de chacun d'entre nous, afin de "communier fraternellement" dans la dissolution des repères dogmatiques poussiéreux. C’est la raison pour laquelle votre émission est extraordinaire, permettant aux catholiques baptisés malgré eux de se sentir protestants, et aux hindous de prendre Shiva pour la sainte Vierge. C’est ainsi que je vous conseille judicieusement de ne plus vous présenter comme « catholique », mais de vous dévoiler sous un nom mieux adapté à votre moi profond, par exemple : "homme des lumières", "humaniste," "Panurge", "Prêtre ouvert", "vénérable maître", "magnétiseur", "tibétain", "pasteur évangélique""ou "musulman", mais « catholique », non. Laissez ce terme désuet aux intégristes –il est presque insultant. Muni de si belles appellations, vous amasserez bien davantage d'argent de la part de la chaîne de télé qui vous emploie, que vous n'avez jamais osé en rêver.

Bien à vous, mon Jeannin.

Signé:

Constance de la Varice, Psychiatre-théologienne, éducatrice sexuelle aux JMJ, animatrice d’un atelier « Tout le monde est magicien» (bénévole).



6 commentaires:

Anonyme a dit…

De votre plume acerbe
vous détruisez toute la gerbe.
Les destructeur de notre Religion
sont tournés en dérision!
L'agitatrice Constance de la Varice
a réussi son feu d'artifice...

Bébé juriste... roi des puristes

Neodyme a dit…

Cher bébé

Votre esprit synthétique
Résume ma problématique !

Et vos sublimes vers
Allègent l'atmosphère !

MaxLaMenace a dit…

Chère Néodyme,

Pas mal pas mal votre article. J'aimerai aller plus loin dans la réflexion, si vous me le permettez :)
Comment s'étonner de la tournure actuelle de l'Eglise. Car il me semble que le véritable problème ne soit ces fanfarons médiatiques, mais l'Eglise actuelle dans son essence même.

Il y eut tout d'abord Jean-Paul 2, le prince du dance floor des relations publiques, allant jusqu'à pactiser avec le diable en rendant visite à Fidel Castro. Si le Christ nous enseigne de tendre la joue droite en cas de baffe reçue sur la joue gauche, il ne me semble pas que st Pierre soit allé boire un pot avec Hérode. Pour rappel saint Pierre est le premier Pape de l'Eglise catholique. Partant de là on constate que ce pape bientôt canonisé, pensait plus à son image d'Homme du monde, que de berger. Petite réflexion : qui voudrait pour son cheptel de brebis d'un berger qui tolère et reçoit les loups qui mangent ses brebis. Personne me semble t-il… Quelles qu'aient été les intentions de JP2, pactiser avec le diable n'a jamais été une bonne chose. C'est un exemple qui résume assez bien son "ouverture" au monde. Quant à son ouverture sur les autres religions, cela me fait doucement rire. Soyons logiques et concis. Le Christ est venu sur Terre pour nous sauver du péché originel, au passage la notion de pêché n'existant plus dans l'Eglise actuelle, je me demande pour quelle raison, le petit Jésus est venu se faire trucider pour nous sauver d'une chose qui n'existe pas. Le Christ ne serait-il qu'un bouffon envoyé par son Père pour faire le mariole sur Terre ?? Car s'il est venu nous sauver, c'est qu'il y a un risque que l'on soit perdu. S'il est venu, s'il a bâti son Eglise, c'est justement parce qu'on ne peut trouver le Salut ailleurs. Encore faut il croire en la divinité de notre Sauveur. En s'ouvrant aux autres églises, en mettant sur un pied d'égalité la Sainte Trinité et les dieux païens, JP2 a tout fait pour perdre les âmes de son troupeau… L'ouverture aux autres religions n'est pas catholique et n'a jamais été demandé par le Christ. Aimer et respecter son prochain "oui", mais blasphémer en disant que notre Dieu vaut Bouddha ou embrasser le Coran "NON". Ce n'est pas et ne sera jamais CATHOLIQUE !

MaxLaMenace a dit…

Passons à Benoit XVI. Les ignares et les bobos le traitent de conservateur et de réactionnaire. Les catho dans le mouv' le trouve bien quoique parfois un peu "dur". Sachez simplement que ce Pape est un grand admirateur des philosophes et penseurs des Lumières. Ceux là même qui ont inspiré la révolution française et son cortège d'abominations en tout genre… Son but, non dissimulé, est d'essayer de (mal) faire, à son niveau, ce que fit Saint Thomas d'Aquin. Saint Thomas d'Aquin a accordé la pensée d'Aristote et la pensée théologique du moyen âge. Benoit XVI cherche quant à lui à accorder la pensée des Lumières et la théologie… Sachant que les Lumières se sont de tout temps déclarées anti chrétiennes et anti catholiques, on ne peut que se poser des questions sur le chef de l'Eglise et surtout sur ce qu'il compte léguer à son troupeau…

Pour finir j'aimerai faire un parallèle. Prenons les cas des châteaux forts. Ceux-ci ont étés bâtis pour conserver la vie des occupants et défendre une position. L'Eglise, c'est un peu ça. Sauver l'âme des fidèles et conserver la foi léguée par le Christ. Mais les années et les siècles passent. La mode prend le dessus et les châtelains transforment leurs châteaux en créant des ouvertures un peu partout (portes, fenêtres), extensions, nouvelles ailes. Bref le château n'a plus rien à voir avec sa vocation première. Il n'est là que pour servir l'égo du propriétaire. Et bien l'Eglise actuelle c'est un peu ça. Chercher à plaire au monde, aux modes, en occultant et en détruisant sa fonction première. Car en cas d'attaque, ce château très mode et très classe ne durera qu'un instant. Le monde moderne ne fera qu'une bouchée de l'Eglise, si ce n'est déjà fait.

Enfin, je reprendrais une phrase déjà citée par vous Neodyme, qui résume assez bien ce que je viens de dire "Ce qui est mort peut suivre le courant, seul ce qui vit peut le remonter"… A suivre "le monde", l'Eglise court à sa perte.


MaxLaMenace

Anonyme a dit…

Mais tout ce que vous faites Néo c'est de faire de la pub à ce bonhomme et à son émission ringard.

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

In christo rege

Anonyme a dit…

Je vous trouve bien acerbe....
Le monde est certes pourri par l'argent, méfiez vous de ne pas être en dette et réfléchissez de ce que d'autres obédiences spirituelles tirent elles aussi de leur quête....