30/10/2007

Sentences de saint Isaac le Syrien


saint Isaac le Syrien

Saint Isaac le Syrien a vécu au VIIe siècle. Il fut moine, évêque et ermite, un grand saint. Comme son nom l’indique, il vécut en Syrie. Il a laissé des pensées à la postérité, plus connues sous le nom actuel de « Sentences ».

Il est dommage que les pasteurs n’emploient plus ce langage si simple et pourtant si beau pour édifier leurs ouailles, avec autant de rigueur et d’amour. Et pourtant, lorsque l’on considère que saint Isaac est un saint à la fois catholique et orthodoxe, un saint qui a inspiré la piété musulmane, unsaint qui se vit même pris en exemple par des protestants, n’y a-t-il pas de quoi s’émerveiller devant l’universalité (katholikós= universel) de la sainteté, dont la voix se moque éperdument des siècles qui passent, et traverse, tel un éclair, l’éternelle corruption des temps ? Les paroles du Christ, nous est-il dit, ne passeront point.



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Quand tu as rempli ton ventre, évite, si tu ne veux point t'en repentir, d'explorer le divin. Comprends bien ce que je te dis : le ventre rassasié exclut la connaissance des mystères de Dieu.



Si un cavalier en selle te tend la main pour recevoir l'aumône, ne la lui refuse pas, car en cet instant, indubitablement, sa pauvreté égale celle d'un mendiant.



De même que l'eau représentée par un paysagiste sur une muraille est incapable d'étancher la soif - de même en est-il de la parole que l'action ne vient pas justifier.



Celui qui s'est empli du sentiment de ses péchés est supérieur à celui dont la prière ressuscite les morts. Mieux vaut passer une heure à soupirer sur l'état de son âme que d'apporter au monde entier l'aide de son regard. Parvenir à se voir soi-même, voilà qui est plus désirable que de voir les anges.



La première des passions est l'amour-propre ; la première des vertus - le dédain de la quiétude.



La mère qui apprend à marcher à son fils s'éloigne de lui, l'invite à venir vers elle ; mais lorsque, dans cette tentative, il chancelle et tombe, vu la faiblesse de son jeune âge, alors elle accourt et le prend dans ses bras. Ainsi la grâce divine porte et instruit les hommes dont le coeur simple et pur s'est livré aux mains de leur Créateur.



L'humilité est la parure de la Divinité. D'elle s'est revêtu le Verbe fait chair, à travers le corps duquel elle est devenue nôtre. Quiconque s'en revêt réellement s'assimile à Celui qui est descendu de sa splendeur, en recouvrant sa gloire d'humilité, afin que la création ne fut point consumée par sa vue trop manifeste.




Quand l'homme d'humilité s'approche des bêtes sauvages, à peine l'ont-elles considéré que leur nature féroce se dompte : elles s'avancent vers lui comme vers leur maître, baissent la tête, lèchent ses mains et ses pieds, car elles sentent, émanant de lui, le même parfum que celui d'Adam avant la chute.




Nulle des voies du monde ne procure la paix aux hommes, tant qu'ils ne viennent point à l'espoir en Dieu.




La miséricorde est contraire à la justice. Celle-ci égalise selon une mesure commune ; elle donne à chacun ce dont il est digne, sans admettre de faveur ni de partialité. Mais la miséricorde due à la peine ressentie, se penche sur chacun avec compassion ; elle ne rend point le mal à celui qui le mérite, et restitue le bien avec une grande surabondance.




Souviens-toi que le Christ est mort pour les pécheurs et non pour les justes. C'est une grande chose que de s'affliger pour les méchants et de faire plus de bien aux pécheurs qu'aux justes mêmes.




Ne sépare point le riche du pauvre et n'essaie pas de distinguer celui qui est digne de celui qui ne l'est point ; que tous les hommes soient égaux à tes yeux, en vue de bonnes oeuvres. De cette manière tu pourras amener au bien les indignes eux-mêmes, car l'âme, par l'intermédiaire du corps, est attirée vers la crainte de Dieu. Le Seigneur n'a-t-il point partagé la table des publicains et des femmes de mauvaise vie, sans éloigner de lui les indignes, cherchant ainsi à inspirer à chacun la dite crainte pour conduire les hommes par le corporel vers le spirituel ? Ainsi donc, tu accorderas les mêmes bienfaits, les mêmes honneurs, au juif, à l'infidèle, à l'assassin, d'autant plus que lui aussi est un frère pour toi, puisqu'il participe à la même nature humaine.




Quand tu vois ton frère en train de pécher , couvre le du manteau de ton amour.




Si tu n'obtiens point la solitude dans ta pensée, isole-toi dans ton corps. Si tu ne peux soutenir l'effort corporel, que ce soit dans ton esprit qu'il prenne quelque peine. S'il ne t'est point donné de veiller debout, veille assis ou couché. Si tu es incapable de jeûner pendant deux jours, fais-le jusqu'au soir ; si cela même t'est trop dur, garde-toi pour le moins de la satiété excessive. Si ton coeur n'atteint point la sainteté, que ton corps demeure pur. Si tu ne pleures pas dans ton coeur, couvre de larmes ton visage. Si tu ne sais pratiquer la miséricorde, confesse que tu es un pécheur. Si tu ignores l'art de pacifier, abstiens-toi d'attiser les discordes. Si le zèle te fait défaut, évite, ne fût-ce que dans tes pensées, de te représenter comme un oisif.


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11 commentaires:

leon a dit…

Très instructif chère Néo, mais je n'arrive pas à saisir la signification de la seconde citation:

Si un cavalier en selle te tend la main pour recevoir l'aumône, ne la lui refuse pas, car en cet instant, indubitablement, sa pauvreté égale celle d'un mendiant.

En Belgique je n'ai jamais vu de mendiant à cheval. En avez vous en France ?

Leon

Neodyme a dit…

il faut remplacer cheval par BMW ou Mercedes, cher Leon.

Anonyme a dit…

un peu de spiritualité ne fait pas de mal, merci Néo.
Mais que signifie votre réponse à Léon à propos de la BMW?je n'ai pas compris...

Neodyme a dit…

cela veut peut-être dire, cher anonyme, que la charité n'est pas seulement d'ordre matériel, qu'elle peut être spirituelle et enfin, qu'il ne faut pas préjuger des apparences pour faire la charité.
:)

Anonyme a dit…

Chère Néo,
Félicitations pour votre article; vous "nous éblouissez de jour en jour.
J'apprécie beaucoup Isaac Le Syrien; je vous cite une sentence que j'apprécie particulièrement d'Isaac Le Syrien

Ceux qui s'exercent dans la connaissance de l'intellect' désirent-ils s'élever jusqu'à celle de l'Esprit ? Qu'ils renoncent à la première, à tous les replis de ses finesses, à la complexité variée de ses méthodes, et adoptent la manière de penser d'un jeune enfant : sinon il leur sera impossible de saisir la moindre parcelle de la connaissance de l'Esprit." à bientôt

Neodyme a dit…

merci de ce si bel extrait, chère Poussière !C'est un extrait si vrai qui dit bien plus saintement que qui court après l'esprit attrape la sottise. A chaque fois que je lis l'une des sentences de saint Isaac, je suis frappée par sa justesse!

Que certains mes lecteurs aient les mêmes lectures que moi, voilà qui est confondant! Nos esprits se rencontreraient-ils? (Hi!hi!hi!) Est-ce coïncidence? Providence? Obédience?

A vous de me le dire, Etoile du soir, espoir.

Mille pensées.

Anonyme a dit…

Salut Néo!
Comme ça vous avez oublié de fêter la fête à notre cher Léon!
Bonne fête Léon!et à bientôt sur le blog!

Anonyme a dit…

Je veux un article sur le mulot ainsi que sa photo. Je l'exige!! M'entendez-vous ???

Et oui c'est totalement hors sujet,je vous le concède, mais je ne puis m'empêcher de penser à ce petit fripon!

Anonyme a dit…

bonjour Néo!
pour répondre au barge je suggère qu'il fasse une mini-nichette à son mulot!
qu'en pensez-vous?

Anonyme a dit…

Une autre citation de St Isaac, que j'aime beaucoup :

"Que la miséricorde l'emporte toujours dans ta balance, jusqu'au moment où tu sentiras en toi la miséricorde que Dieu éprouve envers le monde."

bien cordialement

Neodyme a dit…

Merci pour cette belle citation, Albocicade.