29/04/2010

Le journalisme pourrait bien mourir des scandales de sa connerie



Christophe Barbier, la tête de l'emploi

Le titre de ce billet reprend la structure d'une phrase de Christophe Barbier qui, dans son édito de L'Express du 22 avril 2010, écrit: "Le christianisme pourrait bien mourir des scandales de pédophilie".

Se rêvant en pères conciliaires tout de pourpre vêtus, distribuant ça et là le Bien et le Mal dont ils seraient les dépositaires, les journalistes caressent l'idée d'être les leaders charismatiques d'un nouveau Vatican II, et d'adapter la religion aux "impératifs" modernes, aux dernières tendances de notre époque. Ils s'acquittent de leur tâche avec brio, en toute honnêteté. Nous tâcherons de faire preuve nous aussi, d'"honnêteté" à leur égard ...Pourquoi? Parce que, par le poids des mots, les journalistes assument une grande responsabilité en insinuant dans l'esprit de leurs lecteurs que tout prêtre serait, par définition, pédophile. Il ne s'agira donc pas, ici, de prendre la défense du célibat sacerdotal, cela a déjà été brillamment fait ailleurs, mais de questionner les motifs qui poussent Messieurs les rebelles subventionnés, à vitupérer contre une institution multiséculaire comme l'Eglise.

Dans son éditorial donc, le petit saint Christophe (Barbier) présente, en bon élève, son cahier de doléances :

L'Église doit, pour renaître, changer toute l’organisation de son clergé. Elle doit d’abord en finir avec le célibat des prêtres. Tout ordre fondé sur l’interdit sexuel et sur la torture d’abstinence forcée mène aux déviances ou à la révolte : en prônant la sainteté d’existence le catholicisme n’a provoqué qu’un enfer mental dont on mesure aujourd’hui le coût. Qu’une religion fondée sur l’amour puisse en interdire à ses ministres la forme la plus élémentaire est intenable.

Des hommes comme Padre Pio, François de Sales, Vincent Ferrier, le curé d'Ars, Louis-Marie Grignion de Montfort, le père Lamy étaient des prêtres parmi des centaines de milliers d'autres saints prêtres, et jamais leur célibat ne les mena à la déviance, ni à la torture mentale, ni à la pédophilie, et encore moins à la remise en cause du fonctionnement interne de l'Église... Seuls les hommes d'Église ayant accédé à la papauté peuvent prétendre ériger des dogmes et réclamer des changements pour l'Église. En plus de se prendre pour le pape, Christophe Barbier se révèle un comique hors-pair; la dernière phrase de l'extrait est d'un kitsch suprême: le fait de penser que la sexualité procède de l’amour et inversement, est un rêve de midinette et, je l’espère pour Barbier, une blague de journaliste... Toutefois laissons à Monsieur Barbier le bénéfice du doute ; il parle certainement avec le feu de la sincérité, l’amour de la vérité. Se montrant attaché à prendre la défense des enfants, victimes de pédophiles, au point de vouloir en combattre les causes (ici, le célibat des prêtres), demandons-nous s’il a également défendu les victimes des sinistres pédomanes Polanski et Cohn-Bendit ? A-t-il interdit à Monsieur Polanski de rester marié? A-t-il ordonné à Monsieur Daniel Cohn-Bendit de démissionner de son statut d’homme politique? N’est-il pas honteux en effet qu'un homme politique jouisse en toute impunité de son pouvoir et son charisme, susceptibles d'attirer à lui les enfants? Alors, M. Christophe Barbier a-t-il défendu les victimes de ces pédomanes ?

Vive la Révolution sexuelle avec Dany !

Que nenni ! Notre pourfendeur de soutanes, le sieur Barbier, s'est même signalé par la virulence dont il fit preuve en s'improvisant l'avocat de Roman Polanski. C’est bien évidemment son droit. Mais il a péché du haut de son sacerdoce virtuel : auréolé de sa moralité séraphique, il s'est cru autorisé à remettre en cause la Justice suisse : « Est-ce que la Suisse s’adresse au reste de l’Europe, à la France, en prenant une sorte d’otage nommé Roman Polanski ? » et encore : « La Suisse a eu un comportement inacceptable ». Étrange contradiction de la part d’un intellectuel, qui déconsidère le jugement d’un pédophile avéré, et ose attribuer au célibat des prêtres les actes de monstres tels que celui qu’il défend!

Christophe Barbier

Tout le monde devine (les adversaires de l’Église en premier lieu) que cette histoire de prêtres criminels, supposés incarner tous les prêtres, n’est qu’un prétexte de plus à la destruction de l'Église catholique, qui n'a pas encore accepté de s'écrouler pour leur plaire. Le mécanisme est toujours le même : on attribue à ces sombres histoires la responsabilité de l’Église dans ses fondements, depuis ses origines apostoliques. L'histoire de prêtres pédophiles est bien évidemment un prétexte , car Barbier saute du coq à l'âne en avançant une autre proposition : « Rome doit autoriser l’ordination des femmes ». Quel est le rapport, demanderez-vous? Mais, ce rapport, il saute aux yeux! Cette proposition est soudée à la première par le nécessaire dogme du "progrès". Il faut évoluer, il faut bouger. Sinon, gare!...

Un dernier exemple de beauté journalistique nous est donné par Caroline Fourest, intégriste laïque médiatisée, dont j'ai déjà parlé sur ce blog. Dans Le Monde du 9 avril 2010, elle attaque, entre autres, les prêtres avec la même rhétorique que j’ai parodiée en italique pour Cohn-Bendit, allant jusqu'à expliquer l'existence de criminels dégénérés, par l'existence de l'Église :

Le fait qu’ils [les prêtres] aient un statut à la fois asexué et sacralisé favorise l’abus de pouvoir [...] Il faudra bien que l’Église regarde en face ce cercle infernal. Qu’elle accepte d’en tirer d’autres leçons que l’auto flagellation... Si elle veut sincèrement cesser d’être la seconde institution -après la famille - à produire des agresseurs d’enfants.

Oui, vous avez bien lu, l'Eglise et la Famille sont des machines à produire des pédophiles... Tout comme son confrère, Caroline Fourest réclame également un statut « sexué » et « désacralisé » pour les prêtres: elle réclame aussi la prêtrise pour les femmes. Mais comment s'en étonner? L'idée moderniste du sacerdoce qui prédomine actuellement, le permettrait sans problème... Car, si l'on a coutume de ne plus voir dans le prêtre qu'un "animateur social", tout juste bon à présider les «assemblées locales du peuple de Dieu », il n’existe absolument aucune raison valable susceptible d'empêcher une femme de remplir cette fonction. Cette fonction étant déjà "désacralisée", comment, en effet, empêcher de la "sexualiser"? Or ce qui empêche la femme, depuis les origines apostoliques, de devenir prêtre, consiste (entre autres) en ce que ce dernier doit devenir un alter Christus (un autre Christ). (1) Comprenne qui pourra. Les journalistes, c’est trop leur demander que de lire du latin.

Caroline Fourest, pourfendeuse officielle d'intégristes

Tout le monde sait très bien que cette histoire de prêtres pédophiles, je le répète, n’est qu’un prétexte. L'exigence de ces mêmes têtes à réclamer l'ordination des femmes le prouve! Et puis, qu’est-ce qu’ils en ont à faire, réellement, ces journalistes défendeurs de la tante et de l’orphelin, à l'idée que des femmes deviennent prêtres et que des prêtres aient des femmes? Veulent-ils tant de bien à l'Église au point de se faire les troubadours officiels de Sa vertu ? Non. Ils montent en épingle ces histoires-là, dans cette institution-là, alors qu'ils auraient pu le faire pour d'autres religions non moins concernées par ces problèmes... Pourquoi l'Église est-elle donc leur cible privilégiée? C'est simple. On va donner l'exemple de Caroline Fourest. Celle-ci condamne la déviance sexuelle de quelques prêtres et se déclare fervente militante en faveur de l’avortement et du féminisme. Évidemment dans ce cas, la «famille», qui est selon elle, je cite, une institution « productrice d’agresseurs d’enfants » (i.e.: de pédophiles) ne peut pas trouver une place dans son cœur humaniste. Mais il faut voir surtout quelles sont les raisons de sa condamnation de l'Église en son entier, quelles sont ses raisons de généraliser sur les prêtres en tant qu'"espèce" dangereuse. La notion de « famille » que Caroline Fourest incrimine, c’est le schéma suivant : un homme + une femme + un (des) enfant(s), notion qui a toujours été soutenue par l'Église. Quelle horreur ! Homosexuelle et féministe, Fourest ne peut tolérer cela. Ce n'est pas sa conception de la Famille. Dans la même logique, Fourest ne peut pas tolérer l'Église non plus, puisque cette dernière rejette en principe son idéologie du Gender et son homosexualité, sans compter sa lutte pour l'avortement (ProChoix). Ces raisons personnelles sont-elles des raisons suffisantes, pour Caroline Fourest, d'attaquer l’Église ? Bien sûr que oui! Une raison fondée sur des convictions personnelles n’en reste pas moins une raison, même si celle-ci perd beaucoup de son impartialité et partant, de son efficacité... Seulement, là où Caroline Fourest est plus fine que son confrère et maîtrise mieux son sujet, c'est lorsqu'elle s'attaque à une Église qui s'est elle-même piégée, qui a consenti, avec Vatican II, à jouer le jeu de la modernité, du laxisme, de "l'auto flagellation", comme elle l'écrit. On sait, qu'au niveau historique, c'est Vatican II qui a contribué à impulser l'esprit de mai 68, et que c'est depuis Vatican II que le laxisme a régné sur ces cas... L'église a ouvert des vannes qu'elle a désormais le plus grand mal à refermer. Et les journalistes ne comprennent pas pourquoi Elle s'est arrêtée en si bon chemin... Ou plutôt, ils feignent de ne pas comprendre, s'impatientant à l'idée de voir l'Église s'écrouler entièrement.

Bref, tant que l’Église ne sera pas dissoute dans cette modernité, tant que l’ Église continuera de faire "barrage" aux idéologies (libéralisme, communisme, nazisme, féminisme, fils de la veuve, homos, eugénisme, avortement, etc.), et tant qu'il y aura des gens pour croire à ce que l'Église leur dit, eh bien, Elle le paiera (c'est logique). Mais si l'Église consent à plaire au monde, à continuer son dévissage d’ampoules, alors peut-être qu’on La laissera de côté momentanément, parce qu’Elle ne sera plus qu’une des roues du char festif de la connerie. En gros, pour ces journalistes et les lecteurs qui les suivent, l'Église sera certifiée branchée lorsque des prêtresses lesbiennes célèbreront l' I.V.G. de leurs ouailles sur l'autel de la Tolérance universelle (jusqu'à nouvel ordre). E. Naulleau, chez Ruquier (24 avril 2010), demanda à Fourest : "Pour qui vous prenez-vous, à vouloir reconvertir les églises en Musées? Êtes-vous dans la tête des chrétiens?". Bonne question, qui souligne que Fourest, comme Barbier, se prend pour une ecclésiastique qu'elle n'est pas... Fourest, qui veut convertir de force la religion aux lubies dont elle est l'incarnation officielle... Fourest, la stalinienne de la religion... Christophe Barbier, étrangement lucide, reconnaît que l'Église le démange parce qu'elle a toujours refusé de se plier aux dogmes contemporains:

Dans le Moyen-âge en mutation, l’Eglise se trouva en décalage avec les sociétés. Les nations s’affirmaient, la bourgeoisie marchande prospérait, les techniques progressaient, mais Rome ne comprit pas que l’on changeait d’époque... En la mutation d’aujourd’hui, c’est au nom des mœurs que la modernité veut évincer cette puissance spirituelle... Si Rome ne réagit pas, sur quelle peau de chagrin Benoît XVI achèvera-t-il son pontificat ?

Oui, l’Eglise pose problème depuis très, très longtemps ("Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous", Jean XV, 18)... A ces attaques et ces ordres d'obéir à leurs "divinités", du progrès, les catholiques doivent répondre et avoir le courage d'agir selon l'esprit de cette belle image, formulée par G.K. Chesterton dans L'Homme éternel: "Ce qui est mort peut suivre le courant, mais seul ce qui vit peut le remonter".

En outre, si vous ne voulez pas en rester à la "surface" du constat de l'agressivité des rebelles subventionnés, il faut savoir que, le nœud du problème, pour ces journalistes, c’est l’Église d’avant Vatican II. Celle que le pape est suspect de regretter. C'est l'Église immonde qu’on vous montre dans un reportage comme Les Infiltrés (Pujadas) intitulé "A l'extrême droite du père", avec la voix off qui fait comprendre que des cathos/nazis veulent revenir à «avant Vatican II», c’est-à-dire (je cite) : aux «Heures les plus sombres de notre Histoire». Oui... Comment avons-nous pu l’oublier une seule seconde? Pie XII était un naziii! Et avant lui, toutes les têtes mitrées à prénoms chiffrés l’étaient aussi, et tous les cathos d'avant Vatican II étaient des nazis! J'en veux pour preuve, cette carte des votes nazis en Allemagne en 1932-34, comparant les votes protestants avec les votes catholiques (cliquez pour agrandir l'image!)...


Carte issue de l'ouvrage de Koenheldt-Leddihn, Liberty & Equality, London, 1952.


Notes

(1) Les origines du célibat remontent bien avant ce qu'on a coutume de dire dans l'intention de "relativiser" l'aspect "sacré" de ce célibat. Si les premières lois sur le célibat datent du 4ème siècle après Jésus-Christ, elles ne furent pas présentées comme une nouveauté, mais comme un rappel. Le fait que des papes aient dû le rappeler par la suite n'indique en aucune façon qu'on ait inventé le célibat sacerdotal au concile de Latran, voire encore à la Contre-réforme, comme l'affirment les relativistes humanistes! Les cas de prêtres mariés, dans l'Eglise catholique, ont toujours été considérés, à partir du 4ème siècle, comme des cas de déviances à la loi.

Un Père de l'Église, saint Épiphane de Salamine (315-403), écrit : « Les prêtres sont choisis tout d'abord parmi les hommes vierges, ou sinon parmi les moines; mais si parmi les moines on ne trouve pas de personnes aptes à remplir ce service, on a coutume de choisir les prêtres parmi ceux qui vivent dans la continence avec leur épouse ou qui, après un seul mariage, sont devenus veufs ». Lorsqu’il se plaint que cette loi ne soit pas observée partout, il fait bien état d’une loi et partant, d’une violation de cette loi : « En plusieurs lieux, les prêtres, diacres et sous-diacres engendrent encore des enfants. Je réponds que ce n'est pas conforme à la règle, mais que cela arrive à cause de la nonchalance des hommes ». Saint Epiphane de Salamine est cité par l'abbé Mathias Gaudron dans le très bon Catéchisme catholique de la Crise dans l'Eglise (Ed. du Sel).

Je n'ai pas parlé des fondements ni des raisons du célibat catholique, car ce n'était pas le sujet. Mais pour ceux que cela intéresse il faut lire le livre du père Christian COCHINI S.J., Origines apostoliques du célibat sacerdotal, Paris-Namur, Lethielleux, 1981.