24/10/2008

Saturnin toujours



Rex Interstock/Sunset



Saturnin, toujours présent ! Les dvd de ses antiques aventures sont enfin sortis... Voilà qui réjouira les fans de la première heure



Allez, hop! , un petit bonus :

12/10/2008

Harry Potter, une initiation à la magie

source de cette belle création ici

" Ce qu'il y a de réel dans la sorcellerie, c'est que d'immenses foules de gens éprouvaient de la volupté de nuire à autrui et de s'estimer nuisibles".
Nietzsche

"Ces livres aident les enfants à comprendre que ce faible et débile Fils de Dieu [Jésus-Christ] n'est qu'une plaisanterie qui a encore la vie dure mais qui sera humilié, anéanti lorsque viendra le déluge de feu".

Déclaration de J.K. Rowling (à propos des livres Harry Potter) , Interview du London Times, 19 oct. 2000



« Ron, Harry et George firent rouler à coups de pieds les corps inertes de Malfoy, Crabbe et Goyle dans le couloir –le mélange de sortilèges qu’ils avaient reçus leur donnait un aspect particulièrement repoussant – puis revinrent dans le compartiment et refermèrent la porte derrière eux »

J. K. Rowling, extrait de "Harry Potter et l’Ordre du Phénix".




En ces périodes d’Halloween, il est utile de parler sorcellerie.

Lu récemment un ouvrage intitulé Harry Potter et l’Ordre des Ténèbres, signé Mona Mikaël, publié aux Editions saint-Rémi. Cet ouvrage a sensiblement modifié ma perception de Harry Potter. Comme tout un chacun, j’avais beaucoup apprécié la saga Harry Potter, pleine de péripéties, de suspense et de mystère. Harry Potter, c'est l'évasion dans un monde magique et inconnu. Si les héros ne m’avaient pas tous paru particulièrement sympathiques ni même exemplaires, j’avais, comme on dit, «accroché»... La lecture du livre de Mona Mikaël m'a convaincue qu' Harry Potter n'avait, au final, rien de bien sympathique. Etant dans l’impossibilité de livrer ici le contenu entier de cet ouvrage, je me contenterai d’évoquer quelques points essentiels de cette lecture, afin de vous donner envie de le découvrir... Ce livre est le fruit d’un travail titanesque, au moins aussi titanesque que le travail qui a préludé aux sept tomes de Harry Potter: titanesque par ses références, son érudition, sa cohérence et sa position courageuse.

Harry Potter n’est pas un conte de fées. C'est plutôt "un manuel de sorcellerie ".

Harry Potter n’est pas un conte de fées. J. K . Rowling l’admet : Harry Potter, « c’est le monde réel vu dans un miroir déformant ». Harry Potter n’est pas un conte de fées, pour la simple et bonne raison que, s'il n’existe pas de fées dans le mondé réel, il existe en revanche des sorciers, et ces derniers ne sont pas chevaleresques ni bien intentionnés.



Dans un imaginaire encore récent, la sorcière est méchante. Qui ne se souvient de l'abominable sorcière de la rue Moufftard, planquée dans les placards?


Oberon Zell-Ravenheart, sorcier (ou "mage") bien connu des fans d’ Harry Potter, auteur d’un Grimoire for the Apprentice Wizard (manuel de l’apprenti sorcier) déclare que Harry Potter «présente les valeurs généralement professées dans le monde des sorciers». C. Mc Grath Merkle, ex-adepte du Nouvel-Age, reconnaît dans la série ce qu’elle avait elle-même appliqué : «beaucoup de pratiques de magie décrites ... dans Harry Potter sont au programme ordinaire des cours de formation que j’ai suivis et maîtrisés ... comme la télépathie, la divination, les manipulations énergétiques, la nécromancie, la géomancie et le voyage dans le temps» (http://crossveil.org/potter.html). Le pasteur David J. Meyer, lui, émet un avis encore plus personnel : «ces livres sont des manuels de sorcellerie présentés sous forme de divertissement ... Je le sais parce que j’ai un jour baigné dans ce monde-là».

Harry Potter est une transposition fictive, une retranscription littéraire de la sorcellerie : c’est la sorcellerie présentée sous un vernis fictif (un sorcier ne vole pas sur un balai, voilà pour l’aspect attractif).

Aussi "grand-guignolesque" que cela paraisse, dans la série comme dans la vie, les écoles de sorcellerie existent. En 1923, Alice Bailey fonde la Witch School (140 000 élèves). Le College of Sacred Mists est une branche de la Wicca et le Flamel College, quant à lui, est implanté dans 12 pays. Quant aux pratiques: le voyage astral, la matérialisation (au tome I, la pierre philosophale se matérialise dans la poche de Harry), la disparition soudaine , la transmission de pensée, les manipulations (envoûtement, modification de mémoire), la vengeance magique, toutes ces choses enseignées et pratiquées dans la série Harry Potter ne sont pas le fruit d'un esprit romanesque: elles sont enseignées et pratiquées dans la vie (1).


Mme Blavatsky, qui apparaît dans la série Harry Potter sous le nom de Vablatsky


Plus intéressant, on trouve dans la série Harry Potter les noms d’occultistes ou de sorciers ayant existé, tels Paracelse, Agrippa, Nicolas Flamel, H.P. Blavatsky (sous le nom de «Cassandra Vablatsky ») ou encore Eliphas Lévi (sous le pseudonyme d’ « Elphias Doge »). Ces personnages sont présentés comme des modèles par le narrateur. Quelques mots sur ces illustres personnes et leur rôle dans la fiction devraient nous éclairer sur les intentions de J.K. Rowling :

L’isis dévoilée de Mme Blavatsky (à laquelle correspond, sous la plume de J.K. Rowling, le livre fictif «Lever le voile du futur » de Cassandra Vablatsky) est un ouvrage de 800 pages, explicitement dirigé contre la religion chrétienne, dans lequel Satan est présenté comme le "sauveur du monde", le "grand Initiateur" et "l’espoir de l’humanité". Dans Harry Potter, le schisme qui a déchiré le monde des sorciers autour de l’ouverture de l’enseignement occulte aux Moldus (les non-sorciers) évoque le schisme historique qui, en 1881, a divisé les cercles ésotériques autour du même sujet. « L’isis dévoilée » de Mme Blavatsky expliquait la façon de vulgariser et de diffuser les mystères païens dans le monde des « profanes », des non-initiés, c’est-à-dire tous ceux qui ne pratiquent pas les sciences occultes, bref, qui ne sont pas dans le monde de la « magie ». La question de la diffusion des mystères occultes aux masses avait soulevé un véritable tollé, notamment parmi ceux qui considéraient le monde « vulgaire » comme indigne d’accéder à la « précieuse doctrine » (c'est-à-dire la sorcellerie). Dans la série, cette attitude hautaine correspond à celle des personnages tels que Drago Malefoy et sa famille: ils incarnent le refus de certains sorciers « pure souche » de s’ouvrir à l’Autre, c'est-à-dire aux "Sang-de-Bourbe" ou aux fils de Moldus qui, comme Hermione ou le lecteur réel, ne demandent qu’à en savoir plus sur la sorcellerie...

Drago Malefoy. Méchant sorcier (ça existe, ça? Vraiment?)

L’idéal proposé consiste en une ouverture d’esprit de la part des sorciers, envers ce monde qu'ils méprisent malgré tout. Et réciproquement, les Moldus doivent s’ouvrir au monde des sorciers, sous peine d’être présentés comme les Dursley (la famille d’accueil de Harry), les Dursley qui incarnent la vieille société moisie, effrayée par la sorcellerie. "Les paroles de l’oncle Vernon sont des vérités chrétiennes tournées en ridicule", note Mona Mikaël : lorsqu’il parle de l’anormalité de Harry, l'oncle Vernon parle ainsi du point de vue chrétien qui est le sien et celui des Moldus attardés (le Nouveau Testament, et même l’Ancien , interdit toute pratique de magie, c’est-à-dire de sorcellerie). Ces Moldus de Dursley sont naturellement décrits comme des monstres. Ils enferment et affament Harry Potter, allant jusqu’à lui envoyer des biscuits pour chien le jour de son anniversaire... Et ceci est excellent pour la cause des sorciers, situant ainsi le lecteur bien intentionné contre tout «dissident » qui, semblable aux Dursley, serait tenté de rejeter, voire seulement de critiquer, la sorcellerie. Les parents du lecteur condamnent Harry Potter ? Ce sont des Dursley. « Ne te laisse pas faire par les Moldus», écrit Ron à son ami Harry (Prisonnier d’Azkaban). « Ne vous laissez pas faire par les Moldus », répète J.K. Rowling à ses fans (rencontre du 3 février 2000) (2). L’auteur entretient l’amalgame entre fiction et réalité, encourageant l’identification de ses lecteurs à Harry Potter: cela d’autant plus aisé, que tout enfant ou adolescent a tendance à se croire en proie à l’interdiction de faire ce qu’il lui plaît. Et la sorcellerie est attirante, puisque elle est, en principe, mal vue par les vieux cons. Après que l’oncle de Harry a refusé qu’il aille à l’école des sorciers, Hagrid sauve l’enfant en déclarant: « S’il a envie d’y aller ce n’est pas un gros moldu dans votre genre qui pourra s’y opposer ». Dieu merci, il existe un modèle envisageable pour les parents : ce sont les parents d'Hermione, Moldus pure souche: en dépit de leur basse extraction, ils sont "ouverts" à la magie, ayant accepté que leur fille soit sorcière. Ils sont des parents sympathiques - on n'en entend jamais parler; ils n'ont aucune autorité.


les Moldus de Harry : une famille de fous ! source ici


Un autre personnage historique que cite J.K. Rowling en exemple, c’est le fameux alchimiste Nicolas Flamel, réputé pour avoir réalisé la Pierre philosophale... Et pour cause ! La vedette du monde de l’alchimie en général, c’est la Pierre philosophale : c’est aussi le titre du tome I de Harry Potter en Anglais. Disparaissant à la fin du premier tome, la pierre philosophale reste présente tout au long des livres à travers son symbole alchimique, le Phénix (ou l’«œuvre au rouge») et à travers les symboles d’immortalité : licorne, chaudron, cerf, hydromel, etc. L’essentiel n’est pas que le plomb se change en or : l’essentiel, c’est la transformation de l’expérimentateur lui-même, afin de faire en sorte que l’homme (re-) devienne divin... L’alchimie mystique est, selon ses adeptes (H.P. Blavatsky), "l’itinéraire spirituel qui conduit l’homme au ciel sans Dieu". Penchons-nous un instant sur le personnage de Nicolas Flamel tel qu’il est évoqué par J.K. Rowling, et lisons ce que le récit nous en dit : à la fin du 1er tome, Harry Potter découvre des informations sur Nicolas Flamel et la Pierre Philosophale. Harry Potter apprend que N. Flamel a fêté son 665ème anniversaire "l’an dernier". Né en 1330, Flamel aurait donc eu exactement 666 ans en 1996, l’année où fut remis à l’éditeur le premier manuscrit de Harry Potter par J.K. Rowling elle-même. Evidemment, ceci n'est qu'un chiffre et crier à Satan est sans doute exagéré. Mais la véritable question qui doit se poser est celle-ci: pourquoi la romancière a-t-elle pris la peine d'évoquer ce chiffre?


Portrait de l'alchimiste Nicolas Flamel. Son "invention", la Pierre Philosophale, élixir d'immortalité, est le titre du premier tome de Harry Potter, en version originale (Ecole des Sorciers, en français).



« La censure règne » : mise en place d’une double lecture


On pourrait se demander pourquoi J.K. Rowling éprouve le besoin de « déguiser » ses références (comme H.P. Blavatsky ou Eliphas Levi) sous le voile de pseudonymes, même faciles à repérer. C’est sans doute parce que la censure règne encore. Non pas celle de l’Eglise (et il n’est même pas certain qu’un livre qui serait mis à l’Index provoquerait la ruée vers ledit livre), mais par l’autorité spirituelle que cette dernière est susceptible de conserver, ainsi que celle de tous les parents (ils ont encore, malgré tout, la possibilité de contrôler ce que lisent des enfants en bas âge). « L’auteur de H. Potter prend des précautions pour voiler son antichristianisme, à cause des parents pouvant s’interposer entre ses livres et les enfants », écrit Mona Mikaël, qui rappelle qu’au Moyen-âge, les alchimistes trompaient la vigilance de la censure en écrivant leurs ouvrages dans un langage connu des seuls initiés. La Flûte enchantée de Mozart, opéra maçonnique inspiré d’un roman symbolique à la sauce égyptienne (la Vie de Séthos), s’inscrit dans la tradition du symbolisme caché sous la fiction. Il existe toute une littérature à double sens et Harry Potter entend s'y inscrire : dans cet arbre généalogique, on trouve, depuis l’antiquité: Les Métamorphoses d’Apulée. Au XVIIIe siècle: Le Serpent vert de Goethe; et, plus proches de nous: le Prince des Mouches de W. Golding, les Fils de la Lumière de R. Peyreffite. Tout comme ces livres, le message de Harry Potter est essentiellement gnostique (le gnosticisme est l'autre nom du satanisme selon l'Eglise catholique).

Par sa complexité, son symbolisme caché, la série contredit le caractère «spontané » de sa genèse : J.K. Rowling, on s’en souvient, prétend avoir imaginé les aventures de Harry Potter en attendant dans un train... Légende dorée qui est contredite par une interview récente, dans laquelle la même J.K. Rowling dit avoir mis 17 ans à le préparer avant de le proposer à la publication (3)!


Références occultes et idéologie gnostique


Du clown au diable il n'y a qu'un pas...
source de l'image
ici


Il y a donc 2 trames, offrant 2 contenus distincts à deux publics différents : la trame de surface pour les gens qui ne connaissent pas encore le monde de la magie ; la trame subliminale pour les sorciers en devenir et pour la délectation de « ceux qui savent ». Ces différents niveaux de lecture sont , explique M. Mikaël « comme des fils de différentes couleurs tissés ensemble sur le même métier : chaque fil court sur les sept volumes en suivant sa logique, sans jamais recouper les autres, qui restent parallèles ». C’est la raison pour laquelle, si souvent, on pense soi-même qu’il n’y a rien à redire à Harry Potter, parce qu’on est soi-même "profane" (non-initié). Cependant, un esprit naïf, enfant ou adulte, a vite fait de tenter de percer les multiples interprétations, tant le monde de l'occulte promet d'être agaçant , avec ses symboles et créatures mystérieuses dont on ne saisit pas encore la signification... Et ce côté "caché" ne s'offre-t-il pas de lui-même à l'"interprétation littéraire", à l'explication de texte, suscitant la curiosité et la recherche de l'enfant/lecteur/élève? Tout l'art de l'auteur de H. Potter repose sur la capacité à présenter sous un jour séduisant (mystérieux) ce qui relève de la sorcellerie.

Si l’on pense à la scène la plus importante de la série, on a immédiatement en tête la première confrontation entre le méchant Seigneur des Ténèbres, Voldemort, et Harry Potter encore bébé. Tout le monde sait que Voldemort est l’incarnation absolue du mal, celui qu’on affuble même du nom ô combien satanique de «Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom »... Lisons l’analyse telle que nous la propose Mona Mikaël.


Ralph Fiennes joue le rôle du très subversif Voldemort, dans le film "Harry Potter et la coupe de feu"


La scène : c’est le soir d’Halloween. Lord Voldemort vient chez James et Lily Potter dans l’intention de tuer. Harry Potter est bébé. Il y a trois lectures possibles de cette scène (surface, subliminale, et anti-chrétienne), auxquelles s’ajoute une quatrième lecture, alchimique, de laquelle on retiendra que, dans le monde alchimique, l’Aigle, le Phénix, le Dragon, le Lion et le Serpent, le Chien, le Loup et la Salamandre (présents dans la série) désignent des opérations (ou composés) alchimiques. On ne retient ici que la lecture de surface, et la première lecture subliminale (pas la lecture antichrétienne ni l'alchimique, donc) :

a) Lecture de surface : la nuit de Halloween, Voldemort s'invite chez les Potter, animé d’intentions meurtrières. Voldemort tue le père, la mère et pointe sa baguette vers Harry. Tout à coup, Voldemort prend la fuite, agonisant. En rebondissant sur le front de l’enfant, le sort manqué y a tracé une cicatrice en forme d’éclair, qui est la marque distinctive de Harry Potter. Privé de son corps et de ses pouvoirs, Voldemort n'est plus qu'un esprit errant. Entre l'enfant et le Seigneur des Ténèbres, une lutte à mort s'engage. Cette lutte doit provoquer la mort de l'un d'entre eux à la fin de la série. Cette scène donne à voir deux meurtres réussis (les parents) et un meurtre raté (Harry).

b) Lecture ésotérique (trame subliminale) : lord Voldemort se rend chez les Potter pour un rite d’initiation. Il marque l’enfant au front du signe du dieu Thor (l’éclair est un symbole de puissance et d’illumination). En lui transmettant une partie de ses pouvoirs, il fait de Harry son égal, ainsi que l'a prédit la prophétie. Ici, deux initiations : la première initiation « charge » Harry des pouvoirs de Voldemort, le hissant à son niveau ; la deuxième initiation fait que Voldemort se désincarne et passe à la phase alchimique de la dissolution (Solve) . Après une migration de 11 ans, son esprit se réincarne dans un autre corps (Coagula). La grande quantité d’énergie vitale qu’il fallait pour exercer ce double rituel a nécessité un double meurtre, celui de James et Lily Potter. Ce double meurtre est en réalité un double sacrifice.

Ainsi, dans la trame de surface, Harry et Voldemort sont des adversaires "à mort," c’est-à-dire opposés : dans la trame subliminale, ils sont maître et disciple (du même côté; tels le Yin et le Yang). Le maître ne veut, ni ne peut tuer le disciple. Le maître transmet au disciple des pouvoirs en vue d’une mission (Voldemort est le réel mentor de Harry, plus encore que Dumbledore : n’est-ce pas Voldemort qui fait passer tous ses « examens de fin d’année » à Harry, dans des combats toujours plus difficiles et gratifiants ?).

Mais, demanderez-vous, comment est-il possible que Voldemort soit du même côté que Harry dans la trame subliminale, alors qu’en surface, il cherche à le supprimer ? Il n'y a de contradiction qu'apparente. En surface, Voldemort poursuit Harry pour le tuer physiquement ; dans la trame subliminale, il le suit comme un mentor, afin de lui donner la mort initiatique. Dans le jargon ésotérique, initier quelqu’un, c’est le tuer mystiquement ; cette mort symbolique est la réalisation de la devise alchimique et maçonnique : Solve et Coagula (détruire pour rebâtir) : la mort de l’initié est une mort qui prélude à la naissance d’un être nouveau. Mourant à lui même, le candidat devient digne d’accéder au savoir millénaire de la Gnose : c'est l’art de devenir divin. Dans ce rôle de Maître, Voldemort représente le Satan de la tradition biblique, et le Serpent initiateur de la tradition gnostique (Léo Campion, dans Le drapeau noir, l’équerre et le compas, parle de Satan comme d’« un moraliste et en même temps le libérateur et l’Initiateur, l’être qui nous a enseigné la désobéissance et la volupté »). H.P. Blavatsky, dont il a été question plus haut, écrit : «le Serpent, a toujours été le symbole de l’adepte et de ses pouvoirs d’immortalité et de connaissance divine». La première mort mystique de Harry Potter, c’est le point de lancement de son initiation par le serpent gnostique (4).

Un mot sur l’initiation (du latin initium) qui signifie commencement. C’est le début d’ « une quête qui ne s’arrête pas ; c’est un pacte qui engage ». « On entre en initiation, comme d’autres entrent en religion » écrit le frère trois points Pierre Dangle dans Loge souveraine ou loges esclaves. L’initiation comporte un rituel d’enterrement du candidat. Contrairement au baptême, l’initiation est fermée à la majorité. C’est un chemin pour "esprits d’élite". Il faut être initiable, c’est-à-dire apte. Dans Harry Potter, les élèves sont invités à étudier, après avoir été rigoureusement sélectionnés. Harry est lié à Dumbledore autant qu’à Voldemort : ses liens ne peuvent êtres rompus, même par la mort. S’initier à la sorcellerie marque une personne pour la vie ; ça vous change un homme, comme on dit. Ca change donc les enfants. O. Zell-Ravenheart, dont le grimoire vise un public de mineurs, avertit : « La décision de s’engager dans la voie des sorciers ne devrait jamais être prise à la légère, car une fois qu’on y entre, il n’y a pas de retour » (Grimoire for the Apprentice Wizard). Enfin, Patricia Telesco, adepte de la Wicca, prévient : «La décision de pratiquer la sorcellerie est une décision très personnelle qui peut mettre ta vie réellement à l’envers » (The Teen Book of Shadows).


On demandera, dans un dernier élan de contradiction: oui, mais qu’est-ce que cela fait ? en quoi des trames incompréhensibles par les profanes (a fortiori par des enfants) seraient dangereuses pour eux ? et dans quel sinistre dessein J.K. Rowling et ses éditeurs donneraient-ils ces horreurs à lire à des enfants ? Encore la théorie du complot, c'est saoulant à la fin!

Explications: les enfants : c’est de leur cervelle que l’on peut faire ce que l’on veut, parce qu’elle n’est pas formatée par la normalité (entendons celle des Moldus). Alors, autant leur proposer une autre normalité, et s'en donner les moyens : aux côtés des tomes de Harry Potter , sur Amazon, figurent des manuels de l’apprenti sorcier (d’Oberon Zell-Ravenheart), des exemplaires de la Bible satanique d’ Anton LaVey.... A la lecture de Harry Potter, un enfant ou un ado (avec ou sans repère moral), est curieux de savoir si, oui et non, ces choses-là existent. Et s'il a réussi à percer le mystère de ces trames il ne tarde pas à vouloir s'initier à la magie! Les attitudes des héros eux-mêmes, tout comme leurs professeurs, sont bien loin d’être exemplaires ni même "héroïques"(5)... Ces héros n’ont aucun besoin d'être irréprochables, car, comme dirait Al Pacino dans Scarface, le monde leur appartient...ils sont initiés: pourquoi seraient-ils de petits saints? Dans la fiction on agite sa baguette et l'on jette des sorts sitôt qu’on a des comptes à régler. Et puis, les gens rationnels "savent bien" que tout cela "n’existe pas", parce que les sorciers ne volent pas sur des balais. C'est de la fiction. Donc la sorcellerie n'existe pas. CQFD. On dira que les chrétiens fondamentalistes (protestants) ou intégristes (catholiques) exagèrent comme toujours... Exact, mais alors, comment expliquer l'antichristianisme irrationnel de J.K. Rowling , ses déclarations proprement hallucinantes, qui la rattachent au monde soi-disant "fictif" des sorciers qu'elle décrit? (cf. sa phrase, entre autres: "Ces livres aident les enfants à comprendre que ce faible et débile Fils de Dieu [Jésus-Christ] n'est qu'une plaisanterie qui a encore la vie dure mais qui sera humilié, anéanti lorsque viendra le déluge de feu"). Et à côté de cela, elle dit que son livre n'a rien d'antichrétien. Là encore, deux trames, deux discours. La duplicité est le propre de l'Ennemi (j'aime parler en Inquisitrice).

Seulement, en face de la riante fiction, la réalité grimace : au-delà des ravages concrets qu'opère la pratique occulte (ravages psychiatriques et physiques: cf. les ouvrages de dom Amorth), ravages dont Mona Mikaël fournit de nombreux témoignages, le véritable danger de Harry Potter consiste dans la morale proposée, une morale qu'un enfant assimile : morale en damier, relative (c'est la "morale de situation", celle de Tartuffe). Une moralité où le plus légitime, et non pas le plus juste, est celui qui détient le plus de pouvoir... «Il n’y a pas de bien ni de mal, il n’y a que le pouvoir, et ceux qui sont trop faibles pour le rechercher » (Harry Potter à l’Ecole des Sorciers). Cette phrase sortie de la bouchede Voldemort pourrait être prononcée par Potter. Il est vrai que Harry Potter, qui sait tout, n’a jamais rien appris. Et pourquoi ? Parce qu'il est sorcier, et qu’il a le «pouvoir»... Le lecteur, qui n'est pas d'emblée sorcier, ni recruté à Poudlard, est en pouvoir d'apprendre tout ce que sait Harry dans le parfait grimoire du sorcier, et les livres spirites de la Blavatsky, sans oublier ceux présentant l'ésotérisme comme le renouveau millénaire (ère du Verseau supplantant l'ère du Poisson), et ensuite, le pouvoir de verser, pour de bon, dans l'occulte et ses lendemains qui chantent.

Si vous êtes parvenu jusqu'à ce point de la lecture, je vous en félicite... Peut-être serez-vous fin prêt pour ce clic...


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Notes

(1) Même les sortilèges dits « amusants » et sans danger ont une réalité, sans doute moins amusante ... Le magnétiseur québecois Jean Gendron connu sous le pseudonyme de Jeannino, parle des sortilèges de mutisme (Silencio) et du sortilège Bloque-jambes ; il fait montre de ses prouesses sur le Net, http://www.jeannino.com/html/hypnose.htm : jambes bloquées en moins d’une seconde. Dans Harry Potter, le sort Petrificus Totalus équivaut dans la vie à ce que subissent les gens atteints de catalepsie (corps raides, yeux ouverts).

(2) en anglais, la fin de l'interview (noter que "Muggles" signifie "Moldus"):

Question : Ms. Rowling, thank you so much for joining us. Do you have any parting words you would like to share with our audience?

Réponse : Don't let the Muggles get you down!


3) « L’ambition de son projet est immense, folle… et représente dix sept ans d’élaboration, de rédaction, de concentration! »...
http://www.librairiepantoute.com/fichelivre.asp?id=abbwpzyype&/harry-potter-et-les-reliques-de-la-mort/j-k--rowling/9782070615360


(4) Dans la vision gnostique, la personne reptilienne de Voldemort correspond au personnage du Serpent initiateur, "gardien et transmetteur de la doctrine secrète". Dans son livre La Voix du silence, Mme Blavatsky parle des « Serpents » ou « Nagas », noms donnés autrefois aux initiés : le serpent de Voldemort s’appelle Nagini (dérivé évident de Nagas). Harry Potter, rappelons-le, libère un boa constrictor au zoo, alors qu'il n'est pas encore rentré au collège Poudlard. Le lien le plus indéfectible entre Voldemort et Harry , c'est leur commun parler de la langue du Serpent, langue qu'ils sont tous deux, seuls à connaître.

(5) Tous les personnages se mentent les uns aux autres. Harry scelle son amitié avec Hermione sur un mensonge, et lui conseille, avec Ron de mentir à Fudge. Le mensonge est l’un des moteurs de l’intrigue : « tricher fait partie du tournoi » (Coupe de feu). Et bien sûr, des examens. Dumbledore dit que la vérité est « généralement préférablement au mensonge » (Coupe de feu). De manière générale, les personnages jugent plus utile de se venger que de pardonner (ce n'est qu'en multipliant les extraits qu'on prend conscience du 'martèlement' de ce genre d'attitude).


Mais tout cela n'est qu'un échantillon des perles livrées par Mona Mikaël dans son ouvrage, "Harry Potter et l'Ordre des Ténèbres"...

Vraiment, lisez-le.

05/10/2008

Mais d'où viennent donc les Saint-Bernard?



Sous cet air innocent se cache une bien belle histoire


Pour savoir d’où viennent les saint-bernard, il suffit de s’intéresser à leur nom, de pratiquer l’étymologie. C'est en toute simplicité que nous allons nous intéresser au personnage qui a donné ce nom à cette race de chiens si courageux. Il s'agit de saint Bernard de Menthon, qui vécut au Xe siècle. Il est le patron des alpinistes. En lisant ce qui suit, vous découvrirez notamment la raison d'être du traditionnel tonneau autour du cou des saint-Bernard. Mais avant tout, un petit portrait de saint Bernard de Menthon -il n'y a pas que saint Bernard de Clairvaux! :

« Le bienheureux Bernard de Menthon, archidiacre d’Aoste, l’un des missionnaires les plus zélés du Xème siècle, le réformateur des dioscès d’Aoste, de Sion, de Genève, de Tarentaise, de Milan et de Navarre, fut aussi l’un des hommes les plus sincèrement amis de l’humanité que la religion ait produits. Non content d’alimenter les âmes de la parole de vie, il se plaisait à rassembler les pauvres dans le cours de ses missions, et à leur distribuer largement des aumônes, qu’il savait très habilement solliciter. Mais l’œuvre principale de sa vie, celle qui fait bénir sa mémoire en Europe depuis près de neuf siècles, c’est la fondation de deux hospices du grand et du petit Saint Bernard, auxquels tant de voyageurs perdus dans les neiges des Alpes ont dû la vie et de charitables soins. Le dévouement y est d’autant plus admirable, que les religieux mêmes qui les desservent, ne peuvent y conserver leur vie. Le Piémont célèbre la fête de saint Bernard au 15 juin ».

saint Bernard représenté terrassant le dragon (le dragon symbolisant aussi bien l'intempérie de la montagne que les attaques de sarrasins, fréquentes à l'époque)

C’est ainsi que ce grand saint apparaît dans le bel ouvrage de l’abbé Lecanu, l’Imitation des saints. Mais pour évoquer la pérennité de ses œuvres, projetons-nous quelques sept siècles plus tard. A l'aube de la Révolution française de 1789, voici comment un journaliste évoque l’Hospice du Mont-Saint-Bernard (Journal de Paris, 1781) :

« L’Hospice est un long bâtiment en pierres, d’un aspect lugubre, et resserré entre deux montagnes, beaucoup plus élevées encore que celle sur laquelle il est, pour ainsi dire, suspendu ; il est terminé, d’un côté, par un lac qui peut avoir un quart de lieu de criconférence, et de l’autre, par une cabane, où l’on dépose les morts, faute de terre pour pouvoir les ensevelir. Tout autour règne une chaîne de montagnes, dont les neiges, les glaces, et les rochers confusément épars, présentent au loin l’image de la désolation. Cet Hospice fut fondé par saint Bernard de Menthon, pour servir d’asile aux voyageurs. C’est, sans contredit, un des plus beaux monuments élevés à l’humanité. Chacun y est accueilli suivant son état, sa condition ; mais les soins, les attentions sont les mêmes pour tout le monde (...). Les chemins par lesquels on monte à l’hospice n’offrent, dans la plus grande partie de la route, que de mauvais sentiers frayés à travers des rochers ; ils sont fermés huit mois de l’année par les neiges. Malheur alors à quiconque veut les franchir. L’humanité des religieux ne laisse cependant rien à désirer sur les secours dont peuvent avoir besoin les voyageurs imprudents. Depuis la Toussaint jusqu’au moi de Mai, deux domestiques du couvent ne sont continuellement occupés qu’à battre les neiges ; les religieux eux-mêmes n’épargnent pas leurs pas dès qu’ils savent quelque voyageur en peine. Ils possédaient autrefois un chien qu’ils avaient dressé à aller à la découverte avec un panier suspendu au cou, et rempli de provisions ; ce chien, doué d’un instinct admirable, s’arrêtait partout où il soupçonnait quelqu’un enseveli dans les neiges ; il s’empressait alors d’écarter la neige avec ses pattes, et lorsqu’il reconnaissait que le malheureux qu’il venait de dégager respirait encore, il lui tendait le cou, et semblait l’inviter par ses caresses, à ouvrir son panier. Suivant les forces du voyageur, ou il courait à l’Hospice, ou il l’y conduisait lui-même. J’ai appris avec indignation, que ce brave chien avait péri de la main des hommes, lui qui les aimait tant ! les religieux, inconsolables de la perte, travaillèrent à le remplacer. Ces religieux sont au nombre de douze. Leur coeur et leur esprit semblent participer de l’élévation qu’ils habitent : ce sont des anges descendus du ciel. »


Au vu de son histoire, ce chou ne vous paraît-il pas digne d'affection?